9 questions à… Matthieu de Broca
9 avril 2019 / ACTUALITÉS
9 questions à… Matthieu de Broca, International Business Development Director
1 – Pouvez-vous nous rappeler quelles sont les activités d’Overkiz ?
Overkiz a été créé en 2007 et propose une Plateforme-as-a-Service (PaaS) dans le but de faciliter l’entrée de nos clients dans l’univers IoT (Internet des Objets) et de les accompagner dans le déploiement rapide de leurs propres solutions pour maisons et bâtiments connectés.
Nous fournissons une infrastructure complète, composée de contrôleurs intelligents, d’un cloud, d’une bibliothèque API et d’applications mobiles, qui permettent de remonter l’information sur internet. Cette dualité entre le monde internet, qui est notre métier, et notre capacité à parler sur le terrain, peu d’acteurs la proposent aujourd’hui. Cette neutralité nous est chère et nous est propre sur le marché, et elle nous permet de nous différencier auprès de nos clients et de nos partenaires.
Overkiz se positionne ainsi avec une offre unique, dans le sens où nous facilitons l’agrégation de ces données et la remontée d’informations entre des objets de marques et de technologies différentes, et des opérateurs de services qui veulent consommer ces données. Notre ADN est profondément ancré dans l’internet grâce à notre plateforme IoT, qui permet de mutualiser, dans le cloud, les informations des différents opérateurs et fabricants.
2- Vous proposez donc à la fois des produits et des services ?
Oui, Overkiz offre des solutions BtoB multi-marques, multi-protocoles et multi-produits, en marque blanche, associées à des services connectés qui s’effectuent à plusieurs niveaux :
Le premier s’adresse aux objets eux-mêmes, qu’ils soient déjà connectés ou que l’on va rendre connectables, tels que les interrupteurs, les chaudières, les volets roulants.
Le deuxième niveau est la possibilité de faire de la scénarisation, d’embarquer de l’intelligence dans les objets du quotidien, en définissant un scénario selon lequel, par exemple, tous les appareils de chauffage s’éteignent lorsque l’on quitte le domicile.
Le troisième niveau d’intelligence est l’autonomie, c’est-à-dire la capacité pour la maison ou le bâtiment d’apprendre tout seul, grâce à l’intelligence artificielle ou d’autres modèles, qui vont mettre en relation vos habitudes et vous-même, en tant qu’utilisateur.
Enfin le quatrième niveau, plutôt adapté au secteur tertiaire ou au commerce, est la gestion technique du bâtiment (GTB).
A chaque niveau vous avez une combinaison entre l’internet des objets, le cloud (avec des solutions qui ne sont plus hébergées sur des serveurs physiques), et le Big Data, c’est-à-dire le traitement informatique et la gestion de la multitude de données que l’on va récupérer, pour avoir la capacité d’observer les comportements.
3 – Qui sont les utilisateurs de vos solutions ? A qui s’adressent-elles ?
Overkiz a d’abord adressé essentiellement le marché de l’habitat résidentiel en Europe, en ciblant les fabricants, les fournisseurs de services, les constructeurs immobiliers et les distributeurs. A ce jour nous avons déjà connecté 250 000 logements en Europe, à travers 5000 produits compatibles issus d’un catalogue de plus de 60 marques.
Puis nous nous sommes développés sur le secteur de l’automatisation des bâtiments tertiaires tels que les bâtiments de bureaux, les écoles, les hôpitaux ou encore les hôtels.
Depuis 2017, nous sommes présents en Asie, afin d’accompagner nos clients à l’export et conquérir de nouveaux marchés prometteurs. Pour nous, l’international est un terrain de jeu favorable. La neutralité de l’infrastructure que nous proposons nous semble être également une vraie force pour asseoir notre croissance.
4 – Quelle serait votre définition du bâtiment connecté?
C’est une transformation qui s’effectue de façon très large et à plusieurs niveaux : dès la construction, avec des modèles numériques qui fabriquent le bâtiment en 3D et qui permettent d’avoir des modèles mathématiques. C’est par exemple, à un second niveau, au sein du bâtiment, un radiateur qui envoie des informations sur internet et que vous pouvez récupérer sur votre smartphone. C’est une transformation massive et un véritable changement de paradigme pour la plupart de acteurs de la filière.
5 – Quels sont pour vous les nouveaux enjeux et tendances du secteur ?
L’enjeu prioritaire est de définir comment l’on passe d’une fabrication et d’une exploitation traditionnelles à une exploitation informatique.
Le deuxième enjeu va être de réussir à faire converger les intérêts de chacun : industriels, exploitants, occupants. Les industriels cherchant à gagner un maximum de contrôle sur le bâtiment, les utilisateurs souhaitant quant à eux disposer d’une application unique sur leur smartphone, qui soit également extrêmement flexible. Ces intérêts ne sont donc pas forcément toujours alignés.
Il y a également un enjeu financier, car qui dit technologie dit investissement financier. S’il faut investir dans la technologie avant de construire, il apparaît alors un enjeu de création de valeur au niveau du service, et un enjeu de partage de cette valeur.
Du point de vue de l’utilisateur, la vitesse d’adoption de ces technologies n’est pas la même selon les profils, et la perception du service peut varier. Que ce soit dans un bâtiment tertiaire ou au sein de son domicile, on ne va pas avoir la même appréhension de la technologie. Il y a donc un enjeu d’éducation et d’adoption de ces divers niveaux de services.
Un autre enjeu du secteur du bâtiment connecté est la cohabitation entre les marques. Les industriels avaient tendance à être en silots, alors qu’aujourd’hui l’utilisateur veut accéder à tout en un clic, depuis son téléphone. Faire cohabiter des marques ou des services différenciés à travers cinquante applications différentes peut générer de la frustration chez l’utilisateur. Il faut donc mutualiser, uniformiser les approches services.
Les autres enjeux sont d’ordre plus technique : il s’agit de l’accès aux données, de savoir qui les utilise, à qui elles appartiennent. Si la donnée générée par un objet connecté n’est pas partagée, il risque d’y avoir une fragmentation des services, ce qui n’ira pas dans le sens de l’utilisateur.
Enfin, il y a l’enjeu de la pérennité et de l’évolutivité de la technologie : si l’on installe une technologie dans un bâtiment, qui plus est cachée derrière les murs, comment faire pour la changer ? Les industriels doivent donc être en mesure d’accompagner ces changements.
6 – Quelles sont vos forces pour faire face à ces enjeux ?
Nos solutions en marque blanche sont proposées aux entreprises leaders du monde entier : fabricants, fournisseurs de services, distributeurs ou constructeurs immobiliers. On compte notamment parmi nos clients des références d’envergure telles que Bouygues Immobilier, Engie, Hitachi ou encore Nexity, qui confortent notre position d’expert sur le marché.
Par ailleurs, l’ouverture de notre écosystème et l’interopérabilité de notre plateforme, associées à une architecture cloud efficace, évolutive et flexible pour s’adapter à tous les projets, sont également un réel avantage, qui nous a permis de connecter 2,5 millions d’équipements à ce jour.
Enfin, notre capacité à effectuer rapidement et à tout moment des adaptations à n’importe quel niveau de notre infrastructure, et l’adaptation de notre système à l’évolution des besoins et au cycle de vie complet des produits de nos clients, sont également un atout pour nous démarquer.
7 – Quelle stratégie adoptez-vous pour vous positionner sur la chaîne de valeur, face aux offres de mastodontes tels que Google et Amazon ?
L’objectif est d’interagir avec eux plutôt que d’aller contre eux. Ces acteurs arrivent sur le marché avec une offre à deux niveaux : des assistants vocaux d’une part, qui agissent tels des télécommandes, et des services, comme le fait Amazon, tels que la livraison à domicile en votre absence par exemple. Cela répond à des besoins forts mais éloignés de nos préoccupations principales, qui sont la proximité et le travail avec des industriels et des réseaux professionnels permettant de fournir des services au plus proche des utilisateurs.
Un exemple : avoir la capacité pour un chaudiériste d’identifier une panne avant qu’elle ne survienne et répercuter ce service auprès de l’habitant, chose que Amazon ou Google ne proposent pas puisque cela devient hyper-localisé et que leur métier est plutôt de faire de la publicité et de l’achat sur internet.
On propose également un accompagnement sur la durée, en offrant une évolutivité technologique et en expliquant aux industriels ou aux clients que s’ils nous choisissent, on est capables de les accompagner sur 5 à 10 ans en faisant évoluer les technologies dans leur sens et pas celui que untel ou untel aura décidé dans la Silicon Valley.
8 – Vous avez travaillé sur de nombreux projets, certains très innovants, pouvez-vous nous en présenter un qui vous plaît particulièrement ?
Un projet est réussi à nos yeux lorsqu’il associe l’innovation à une collaboration fluide et efficace entre plusieurs partenaires, qu’il fait interagir plusieurs marques et qu’on a envie d’aller le répliquer sur d’autres projets.
C’est le cas de la solution que nos avons déployée pour Bouygues Immobilier, acteur majeur de la promotion immobilière en France, qui place comme nous l’innovation et l’expérience utilisateur au cœur de la réussite de ses projets. Nous avons accompagné Bouygues Immobilier dans le déploiement de la solution Flexom au sein de 10 000 logements, qui permet aux résidents de contrôler à distance un large éventail d’équipements (luminaires, chauffage, volets roulants, etc.) de différents fabricants, et de créer des scénarios intelligents.
C’est un projet qui nous tient particulièrement à cœur puisqu’il nous a permis d’exprimer tout notre savoir faire au sein d’un même projet, à savoir : activer la communication sans fil entre divers périphériques, favoriser une gestion de cloud à cloud pour créer un vaste écosystème d’appareils et de services connectés, contrôler à distance les équipements via une application mobile, collecter les données d’utilisation résidentielle et assurer la surveillance et la maintenance des appareils à distance. Le tout permettant d’offrir une solution intelligente, flexible et économique.
9 – Et pour l’avenir, quelles sont les perspectives pour Overkiz à court et moyen termes ?
Accompagner nos clients à l’export. Les besoins de connecter sont assez différents d’un pays à l’autre, avec un vrai potentiel de croissance de marques différentes, avec une logique d’écosystème et de catalogue qui va s’accroître au fur et à mesure qu’on accompagne et qu’on développe notre activité à l’international.
Nous sommes par ailleurs de plus en plus plébiscités par les acteurs de la gestion du bâtiment, pour flexibiliser leur offre et leur apporter l’ADN internet qu’on possède. C’est un monde très vaste et il y a donc pas mal de perspectives de développement sur les terrains locaux et à l’export pour nous.